Alors que la grève de Postes Canada perturbe l’acheminement du courrier et des colis à travers le pays, plusieurs entreprises canadiennes se retrouvent durement touchées par des retards, des pertes de revenus et des opérations paralysées. Dans ce climat tendu, de plus en plus d’entrepreneurs dénoncent la rigidité du modèle de Postes Canada et cherchent des solutions alternatives pour assurer leurs livraisons.
Parmi eux, Matt Lessard, fondateur de l’entreprise québécoise Buster Fetcher, lève le voile sur les conséquences concrètes de cette crise pour les PME, mais aussi sur les failles structurelles d’un service postal jugé dépassé :
Quand on pense à Postes Canada, on pense à un service public ancré dans notre quotidien. On pense aux lettres qu’on envoie, aux colis qu’on attend, à ce lien entre les citoyens et les régions. Mais aujourd’hui, ce service que nous connaissons tous donne l’impression de ne plus suivre le rythme du monde qui l’entoure. C’est à ce demander : « Pourquoi notre service postal national semble-t-il figé dans le temps ? ».
Les attentes ont changé. La rapidité est devenue une norme. La fiabilité, une exigence. Et pendant que des géants comme Amazon livrent en 24 heures, voire le jour même, Postes Canada peine à livrer dans les délais. Les entreprises le ressentent. Les citoyens aussi. Et l’expérience client ressemble davantage à un casse-tête qu’à un service moderne.
Je vois chaque jour les défis que vivent les entreprises canadiennes face aux délais, aux frais imprévus, aux processus complexes. Je le sais : c’est notre quotidien chez Buster Fetcher. Le problème n’est pas un manque de potentiel. C’est un manque d’évolution.
Chaque jour, mon équipe aide des centaines d’entreprises canadiennes à réclamer les remboursements qui leur sont dus lorsque les transporteurs échouent à livrer dans les délais promis. Et croyez-moi, ça arrive plus souvent qu’on ne le pense.
Le problème n’est pas seulement logistique. Il est structurel et culturel. Postes Canada fonctionne encore comme un monopole, ce qui freine l’innovation et pousse bien des entrepreneurs à se tourner vers d’autres solutions. Et pourtant, elle détient un atout : un réseau logistique d’une portée nationale, capable de rejoindre chaque coin du pays. Pour tirer pleinement parti de cette force, il est temps de repenser le modèle. Non pas en copiant les autres, mais en s’inspirant intelligemment des meilleures pratiques, ici comme ailleurs.
Ce qu’il lui manque? Du courage et un peu de pression citoyenne pour l’y pousser. Alors, rêvons un peu, mais restons concrets : Pourquoi Postes Canada ne créerait-elle pas, par acquisition ou partenariat, une suite logicielle destinée aux PME, pour prolonger numériquement son réseau physique inégalé à chaque étape d’expédition – retours, suivis, rapports ?
Pourquoi ne pas offrir un abonnement simple donnant accès à des espaces collaboratifs, en tout temps, à un espace équipé pour emballer et expédier via Postes Canada – une solution clé en main pour les e-commerçants sans infrastructure ?
Et pourquoi ne pas devenir un acteur de la livraison sur demande, avec des livraisons locales le jour même, dans nos centres urbains?
Rien de cela n’est irréaliste. Ce qu’il faut, c’est une volonté claire d’adapter un modèle historique aux réalités d’aujourd’hui. Pas en se coupant de sa mission publique, mais en la rendant encore plus pertinente pour les décennies à venir.
Nous avons besoin d’un Postes Canada fort au service des citoyens, des entreprises et de l’économie locale. Parce que le colis, ce n’est pas juste un carton. C’est une promesse. Et il est temps que Postes Canada recommence à la tenir.